Le lancement du dernier bébé d’Apple ne s’est pas très bien passé. Certes, le MacBook est le plus léger des notebooks, disposant du meilleur écran disponible, doté d’un clavier et d’un trackpad particulièrement innovants. Mais son prix, la disparition du MagSafe et surtout, l’existence d’un port unique obligeant l’achat d’un dongle pour le charger et utiliser les accessoires USB ont été à l’origine de très nombreuses critiques dans la presse spécialisée. Beau mais ridicule pour Wired, une trahison pour Techcrunch; Mashable se plaint de la très basse qualité de résolution de la cam.
L’une des rares exception au moment de sa présentation fut The Next Web qui a considéré que cette machine était fait pour des utilisateurs essentiellement préoccupés par le fait de surfer et de faire de la bureautique. Le prix, mentionné en fin de papier, n’a choqué personne à la rédaction, ou presque.
Fait rare pour Apple, une vidéo ridiculisant le laptop est devenue virale, égratignant quelque peu l’image « cool & trendy » du géant de Cupertino.
Hier, la même presse spécialisée a sorti quasi simultanément une série de papiers de revue de produits. Pour Wired, Techcrunch, Mashable, les critiques d’hier font place à la louange; léger (mais vraiment léger on vous dit),, un clavier auquel on s’adapte bien, un look d’enfer, les revues de détail du bébé sont passablement dithyrambiques. D’ailleurs, Engadget n’y va pas par quatre chemin: Apple réinvente le Laptop.
Je bosse sur un MacBook Pro. La version 17″ pour être précis. Il est grand donc pèse son poids et prend de la place, mais il m’épargne l’achat d’un ordinateur de bureau et ses capacités en mémoire ainsi qu’en stockage me permettent même de faire du travail photo. En plus de 4 ans d’utilisation, il en a vu des vertes et des pas mûres et si je mets à part quelques atteintes à son esthétique – disons le, un MacBook encaisse bien une vie trépidante, ainsi qu’un changement de disque dur, il fonctionne à merveille.
En clair, je suis un Apple-man mais pas coeur de cible pour le MacBook d’Apple. Je n’en ai pas besoin. Pour autant, je comprends que cet ordinateur ait sa place sur le marché : il s’agit d’un outil couteux (comme beaucoup d’appareils Apple), capable de bien des choses mais surtout porteur d’une image puissante en terme de statut social. En clair, tout le monde n’aura pas ce MacBook entre les mains et je gage que les modèles Or ou Gris Sidéral seront bien plus vendus que le modèle argent, plus proche par son apparence d’un bête MacBook Air. A presque 1500€ le bébé, ce serait stupide qu’il soit confondu avec un ancien modèle bradé à moins de 1000€.
Mais l’évolution de l’informatique grand public se fait maintenant en partie sur ces considérations d’objet de statut social. La quasi intégralité du marché des smartphones est soumis à ces enjeux et je ne connais que trop bien l’inanité des batailles d’arrière-garde.
Mais ce qui me frappe dans ces revirements éditoriaux, c’est leur simultanéité ainsi que leur tendance à ne plus aborder les points qui fâchaient il y a un mois pour se concentrer sur les messages marketing d’Apple : légèreté, beauté, innovation, bref, le portable de demain. L’abandon du magsafe, le retour du dongle, cet objet sorti du fond des âges informatiques ? Quelle importance ? Le seul port ? Mais c’est l’avenir !
Quand des sites phares des médias spécialisés changent à ce point d’avis, tous en même temps et si peu de temps après avoir fait la fine bouche sur un nouveau produit, je ne peux m’empêcher de me poser la question d’une action de la com’ d’Apple. Après tout la puissance technologique et financière d’Apple repose sur une gamme réduite de produits. La défaillance d’une des lignes de laptop serait un coup dur au moment où Apple investit beaucoup dans un nouveau marché, l’AppleWatch.