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Expression libre ou expression sans limite ?

Eglise et LGBT, une relation conflictuelle et un manque de respect évident.

Eglise et LGBT, une relation conflictuelle et un manque de respect évident.

On entend peu parler du diocèse aux armées françaises. Cependant, le dernier éditorial de Mgr Ravel, évêque aux armées, fait un peu de bruit dans Landerneau. En effet, il y déclare son opposition à un certain nombre d’avancées sociétales.

Mais l’idéologie de la bienpensance fait chaque année 200 000 victimes dans le sein de leur mère. L’IVG devenue droit fondamental est une arme de destruction massive. Alliés pour la France avec d’autres, nous devons faire front contre les attaques terroristes explicites. Mais, pour autant, nous ne devons pas cautionner les folies de l’euthanasie, du mariage pour tous et autres caricatures de Charlie-Hebdo. (Mgr Ravel, EGMIL Fev. 2015)

Je suis déjà mal à l’aise face à un homme de sa position et de sa qualité qui emploi l’expression de « bienpensance ». Ce poncif éculé a pour but de faire passer son auteur pour une victime (ce que Mgr Ravel n’est pas) ou un rebelle au système (ce qu’il n’est pas plus). j’ai en plus du mal avec un homme qui qualifie le droit à l’IVG d' »arme de destruction massive », qui semble rejeter la réforme du mariage civil opéré par le gouvernement qui l’emploie et vient enfin remettre en question la liberté du média Charlie Hebdo de publier des caricatures. Je suppose que les caricatures qui dérangent tant Mgr Ravel ont un sujet religieux.

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mars 17, 2015by Manuel Atréide
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BFM -TV, la chaine-poubelle


Jeannette Bougrab: « Mon compagnon est mort… par BFMTV

Indécence. Non pas de Jeannette Bougrab qui vient de perdre son compagnon. Elle est visiblement dévastée et a droit à toutes mes condoléances. Je ne fais aucun reproche à cette femme, je suis triste comme les pierres pour elle.

L’indécence est du coté de BFM qui tend complaisamment une caméra et filme une personne en état de détresse totale essayer de trouver un sens à ce qui vient de se passer. C’est de la télé-réalité déguisée sous les oripeaux d’un JT. C’est inacceptable et si la même chose s’était passé sur le plateau de Ruquier, nous serions tou.te.s en train de réclamer l’arrêt de cette émission poubelle.

Ruth Elkief, les responsables d’une rédaction et d’un média, tous ont décidé de déguiser de la télé-réalité et du voyeurisme écoeurant en semblant de JT. Je suis triste et en colère devant un tel spectacle. Ce n’est pas mon métier, c’est une caricature, une tromperie sur la marchandise.

Nous avons besoin d’être informés. Nous avons besoin qu’on nous donne accès à des faits, qu’on les mette en perspective, qu’on les explique, qu’on les replace dans leur contexte. C’est le rôle de la presse et c’est une fonction nécessaire dans nos démocraties occidentales. Sans information, un citoyen ne comprend pas les enjeux du monde et ne peut voter en toute conscience.

Ce que fait BFM-TV n’est plus de l’information. C’est une course à l’audience et au chiffre d’affaires en flattant nos plus bas instincts. C’est grave. D’autant que d’autre médias adoptent les mêmes méthodes.

C’est aussi totalement à l’encontre de ce qu’est Charlie Hebdo.

___

MAJ : Il est sans aucun doute intéressant de relire Ravages de la télévision continue, écrit par Eric Klinenberg et publié par le Monde Diplomatique en octobre 2001. L’auteur explique les effets de sidération et de préparation des américains à la manipulation de leur capacité à réfléchir. Nous savons ce qui s’est ensuite passé : guerre en Afghanistan qui n’aura abouti à aucun changement notable, invasion de l’Irak, Guantanamo, etc.

Je vous laisse avec cet extrait de l’article :

«Cela doit être dur pour vous et votre famille, demande un journaliste au père d’une fille de vingt-huit ans annoncée morte, Que ressentez-vous?»

Cela va vous faire penser à quelque chose.

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janvier 9, 2015by Manuel Atréide
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La meilleure arme contre le terrorisme

La liberté de la presse est une arme de destruction massive du terrorisme.

Celles et ceux qui réclament un statut particulier pour l’Islam, que ce soit un statut privilégié ou une interdiction, font le jeu de ces terroristes. La république française est laïque, elle n’a aucune considération ou mépris particulier vis à vis des religions. Aucune d’entre elles.
 
De même, les gens qui se réclament de l’Islam pour justifier leurs actes criminels ne sont pas des croyants mais des imposteurs qui usurpent une foi et l’utilisent à des fins personnelles. L’islam n’est pas plus en cause dans cette attaque que le christianisme ou le pastafarisme. C’est ce qu’a rappelé l’université Al Azhar du Caire le jour même de l’attentat contre Charlie hebdo. 
Dès lors, si les condamnations émanant des pays d’Islam est un signe de solidarité que nous apprécions en tant que français, il n’y a aucune justification aux injonctions qui sont faites aux musulmans ici ou ailleurs. Ils sont, comme tout un chacun, victimes du terrorisme et n’ont aucun brevet de bonne conduite à présenter.
 
Enfin, rappelons le : si le terrorisme est une guerre contre la démocratie, ce n’est pas un danger mortel pour cette dernière. Seul notre manque de confiance dans la validité de notre modèle politique est à craindre. En revanche, la démocratie est le poison mortel du terrorisme. Ce type de criminalité ne prospère que dans un cadre coercitif voire dictatorial.
 
Nous avons nos armes. La haine n’en fait pas partie. La restriction des libertés civiles non plus : nous ne vaincrons pas le terrorisme en laissant l’Etat nous priver de nos libertés de peur que les terroristes ne le fassent. 
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janvier 8, 2015by Manuel Atréide
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Se souvenir, mais sans tambour ni trompettes ?

La capote d’Act-Up. Cette année, la mairie de Paris a distribué 500 000 capotes. Il y a 2 millions de parisiens

Le 1er décembre, comme tous les 1er décembre, on parle un peu SIDA. On fait semblant de se mobiliser, on fait semblant de s’intéresser, on fait semblant de croire encore que c’est important. Un petit rassemblement auquel on participe vite fait – ou auquel on envoie un représentant, un petit communiqué de presse aussi vide que les mots employés sont ronflants et puis pouf, on referme le dossier pour un an.

C’est vrai quoi, c’est le premier jour de décembre, il commence à faire froid. Aller se geler le cul dehors pour une manif’ de plus ? C’est pas la saison. Et puis, y’a le téléthon qui approche et ça, c’est médiatiquement important. Et bien sûr, Naël ! Il va falloir penser aux guirlandes, aux jolies vitrines. Aux boites de chocolats pour nos « anciens ». Préparer les speeches de la nouvelle année, les voeux à tout ce que la planète (enfin la chose qu’on dirige) compte de gens importants.

Yep, le 1er décembre pour nos élus, c’est de plus en plus la corvée. Ca fait des années en fait, que c’est la corvée, si on y réfléchit bien. Le SIDA, c’est plus aussi porteur qu’il y a 25 ans.

A l’époque, les victimes étaient jeunes, innombrables et surtout, on les connaissait de près. On les croisait dans les soirées « branchées » qui faisaient vibrer le Paris du second septennat de François Mitterrand. On avait quelques semaines – ou quelques mois après – le frisson d’apprendre leur disparition. Le virus faisait frémir une partie de la classe politique, cette élite qui avait perdu depuis longtemps l’habitude de croiser la maladie et la mort dans son entourage. On commençait à s’occuper du SIDA comme nos rois touchaient les écrouelles : sans trop y croire mais avec une sacrée conviction affichée devant le peuple les médias. Ca faisait de belles images à la télé, enfin, on pensait.

Et puis, ils criaient fort. Ils hurlaient leur rage de mourir à 20 ans, ils hurlaient leur rage d’être laissés seuls face à ce fléau, ils hurlaient leur tristesse de voir leurs presque-vieux amis morts être remplacés par leurs nouveaux-et-bientôt-morts camarades. Cette tragédie grecque sous les fenêtres des salons de la République, c’était … épique. Et parfois tellement artistique.

Et puis les trithérapies sont arrivées. Les décès en masse ont diminué, la faucheuse s’est faite plus discrète. Au lieu de moissonner en paquets de douze, elle a continué, plus tranquillement. Moins, sans doute, mais c’était – c’est encore – l’assurance d’une moisson plus durable. Le SIDA, on ne l’avait pas vaincu, on le tenait simplement à bout de bras. C’était déjà une sacrée victoire.

Cependant, pourquoi nous sommes nous arrêtés là ? Pourquoi la prévention, autrefois la seule ligne de défense, est-elle devenue le but ultime à atteindre, garder et préserver ? Avons nous renoncé à vaincre le SIDA ? Que s’est-il passé ? Ces questions sont légitimes lorsqu’une étude nous explique qu’un étudiant français sur trois n’utilise jamais de capote.

La cause est devenue moins criante, moins immédiate, moins terrifiante. En un mot politique, moins sexy. « Le SIDA ? Bah, y’a des traitements maintenant ! » Et puis ces grosses pilules se sont faites plus discrètes, on a bien combattu leurs effets secondaires. Et puis, c’est tout de même un truc de pédés. On les aime bien dans les soirées hype, mais de là à les avoir comme voisins … ou comme parents d’élèves dans les classes de nos enfants ?

Il y a eu le 11 septembre, la guerre en Irak, les émeutes dans les banlieues, le terrorisme, les islamistes, les sub-rimes, la crise, les élections, le 2.0, le changement climatique, le chômage le « mariage-pour-tous » Frigide-Barjot-Nicolas-Sarkozy-Julie-Gayet-Marine-Le-Pen …. Tant de choses se sont passées depuis. Le SIDA? So nineties !

So oublié aussi. Certes, on a un monument à La Villette. J’avoue ne même pas savoir où il est ni à quoi il ressemble. Comme à peu près tout le monde. Certes, on a le 1er décembre. Quelques pins défraichis qu’on ressort quand on se souvient du tiroir où on les a rangé il y a un an … ou deux.

Cleews Vellay. Un nom qui ne dit plus rien aux deux dernières générations. Contrairement à Jeanne d’Arc.

Le SIDA est redevenu silencieux. Impensé. Innommé. Et c’est logique.

Nous avons dans nos villes des rues, des artères majeures, parfois des quartiers entiers qui portent le nom de femmes et d’hommes quo ont donné leur vie pour des causes. Beaucoup sont des saints de l’église catholique. Certains sont des héros, telle Jeanne d’Arc, tel Victor Hugo. Nous nous sommes donné des repères, des balises dans nos mémoires. Nous n’avons pas oublié, nous n’avons pas accepté d’oublier.

Que nous reste-t-il de nos morts du SIDA ? Quelques couvertures. Des archives LGBT sans aucune structure pour s’en occuper. Des photos jaunies. Deux ou trois noms. Et des activistes héroïques et vieillissants, vivant avec leurs souvenirs et leurs traitements.

Je sais, je suis un grand naïf mais, Madame Hidalgo, quand aurons nous une rue Cleews Vellay à Paris ?

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décembre 6, 2014by Manuel Atréide
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l’ESA sur les Champs !

Sexiste, nerd ou simplement scientifique ?

La recherche européenne n’est vraiment pas aidée. A moment où elle signe un de ses succès les plus spectaculaires et les plus importants, l’ESA se trouve embarquée dans une de ces polémiques dont les réseaux sociaux ont le secret. Le Docteur Matt Taylor, chargé de la communication pour la mission Rosetta, est accusé de sexisme pour une chemise.

Que reproche-t-on à cet homme au juste ? Rien de moins, et rien de plus que d’avoir porté une chemise imprimée qui arbore des dessins de femmes en tenues affriolantes.

Cette chemise est-elle à mon goût ? Absolument pas. La porterais-je dans une quelconque circonstance ? il faudrait me payer cher.

Mais, cette chemise est-elle sexiste ? Pour qu’elle le soit, il faudrait prouver que la femme est utilisée comme décoration sur un vêtement alors qu’on ne ferait pas la même chose avec l’image d’un homme. Raté, les vêtements – notamment des t-shirts – qui arborent des dessins ou photos d’hommes dans des tenues au moins aussi affriolantes que les femmes de la chemise du Dr Taylor, il en existe des kilos.

Sexisme gay ? 😉

Franchement, on a sans doute collectivement mieux à faire que de faire chier un scientifique de l’ESA pour son gout vestimentaire. La mission Rosetta / Philae est sans aucun doute l’un des plus importants travaux scientifiques humains de toute l’histoire et je ne serais pas surpris qu’une moisson de prix nobels viennent un jour couronner cette mission historique. Rosetta / Philae pourrait répondre à certaines des plus importantes questions que la science se pose sur nos origines, notamment l’hypothèse selon laquelle les comètes auraient ensemencé notre monde avec les briques de la vie, voire des formes de vies primitives. Elle répondra aussi vraisemblablement à la question sur l’origine de l’eau de notre planète et nous donnera un paquet d’informations sur la composition de notre système solaire à ses débuts.

Je serais, en tant que citoyen, particulièrement fier de voir un jour ces femmes et ces hommes défiler sur les Champs Elysées. Si nous sommes capables de célébrer une équipe de sportifs qui vient de gagner une médaille internationale, alors l’ensemble de l’équipe Rosetta mérite elle aussi cet hommage.

Ce serait aussi un bon moyen (et pas financièrement ruineux) de dire publiquement deux choses :

  • l’Europe scientifique et spatiale est en pointe
  • la recherche scientifique est, elle aussi, digne d’être célébrée collectivement et même d’une manière spectaculaire.

Je suis à peu près certain que ces scientifiques (des nerds comme les appellent un certain nombre de mes collègues, oubliant que ce terme est à l’origine une injure) seront sur leur 31.

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novembre 16, 2014by Manuel Atréide
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Reforme du mariage, au coeur des contradictions du systeme Hollande

La réforme du mariage civil a toutes les chances de rester comme le symbole des palinodies de François Hollande : faire une réforme, oui, faire évoluer la société, non.

Pour un homme dont le slogan de candidature était « le changement c’est maintenant », cette attitude est paradoxale. François Hollande, homme de synthèse, n’est-il pas finalement plus tenté de faire de l’amélioration par la cosmétique – on modifie la surface sans toucher au fond – plutôt que d’accompagner, voire de lancer une réforme sociétale en profondeur ?

La réforme du mariage a été lancée début septembre 2012, il y a maintenant plus de deux ans. A vrai dire, on peut même dire qu’avant même les premières prises de position par les membres du gouvernement de l’époque, Andre Vingt-Trois, cardinal de Paris, a lancé le débat par une prière lue dans les églises de France le 15 août 2012.

Le débat a duré des mois, à l’assemblée nationale, au sénat comme dans la rue. Les manifestations de soutien ou d’opposition au projet de loi ont alterné durant toute la session parlementaire 2012 -2013. L’opposition à la loi, votée de manière définitive par l’assemblée nationale le 23 avril 2013, s’est poursuivie malgré l’entrée en vigueur du texte le 18 mai de cette même année.

En parallèle, les soutiens de la réforme ont essuyé de nombreuses déceptions. En février 2014, au lendemain d’une nouvelle manifestation LMPT (La Manif Pour Tous), le gouvernement annonce le retrait d’une loi partant sur la famille. Ce texte devait « notamment aborder la question du statut du beau-parent dans les familles recomposées, des conditions de l’adoption internationale et de l’accès aux origines personnelles des personnes nées sous X et des enfants nés de procréation médicalement assistée. »

Le projet, pourtant initialement conçu comme le complément de la réforme du mariage, sera repoussé puis abandonné en rase campagne.

Vendredi 3 octobre 2014, avant veille de la grande manifestation LMPT de la rentrée, Manuel Valls, 1er ministre, annonce dans le journal La Croix que la France va lancer une grande action internationale pour éviter les dérives de la GPA (gestation pour autrui). Problème : le même Manuel Valls, alors candidat aux primaires socialistes en 2011, avait pris une position exactement contraire lors d’une interview au magazine Têtu. Ce changement de cap ne reste pas inaperçu et génère de nouvelles déceptions parmi les soutiens de cette réforme.

Les réseaux sociaux ne s’y trompent d’ailleurs pas. Les partisans de la réforme expriment leur colère et rappellent les prises de position passées alors que les adversaires du gouvernement restent sceptiques et ne viennent, finalement pas soutenir le 1er ministre.

Quel est l’intérêt de lancer une réforme qui ne résout pas tous les problèmes ? Le statut des enfants conçu à l’étranger n’est pas réglé, le statut des parents non biologiques ne l’est pas plus, certains élus continuent à refuser de célébrer des mariages entre personnes de même sexe, le statut juridique et social des personnes transgenre n’est toujours pas abordé.

Quel est l’intérêt de lancer une réforme contestée par une partie de la population si, de reculades en abandon, on finit par donner l’impression que l’opposition a raison et que cette réforme n’est en réalité pas vraiment soutenue par le pouvoir en place ?

Ménager la chèvre et le chou, se vouloir apôtre permanent de la synthèse, l’indécision est l’un des reproches majeurs qui est fait à François Hollande depuis le début de son quinquennat, et même avant. La réforme du mariage civil est l’une, sinon la seule réforme emblématique du quinquennat du second président socialiste de la Ve République. Emblématique, oui, de cette posture qui vise à avancer pour mieux s’arrêter quelques mètres plus loin, au milieu du gué.

Et, pire encore pour un décideur politique, sous les critiques et quolibets de ses soutiens comme de son opposition.

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octobre 4, 2014by Manuel Atréide
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Mister Rizzo, unleash the beast !

Christian Rizzo - d'après une histoire vraie

Moment détente ce soir au Théâtre De La Ville. Christian Rizzo vient nous présenter sa création 2013 : « D’après une histoire vraie. » Le propos n’est pas inintéressant. M. Rizzo, marqué par une danse folklorique vue à Istanbul une dizaine d’années auparavant, est allé chercher dans son passé des tranches de danse, des mouvements de danse tribales et traditionnelles des cultures de la Méditerranée au rock à cheveux.

Le show commence avec l’arrivée en scène progressive des danseurs pendant que deux musiciens, Didier Ambact & KING Q4 s’installent aux batteries et aux percus. Points d’appuis difficiles, synchronisation des mouvements, le départ est très technique. Puis, alors que la musique prend de l’ampleur, la chorégraphie se déploie. Effectivement, les références au rock sont là, tout comme ce parfum de proche-orient, d’empire ottoman et de ces cultures ayant mêlé danse et religion autour du bassin de notre mer commune.

Pourtant, progressivement, je décroche. C’est dur, mais en fait je m’emmerde. Ce ne sont pas les musiciens, non, ils sont extrêmement bons. Ce ne sont pas non plus les huit danseurs, leur performance est vraiment impressionnante. Ils donnent une impression de facilité et de fluidité à un travail qui est en réalité techniquement très exigeant. Non c’est autre chose.

Je vais passer rapidement sur la lumière tout en disant un mot : la mode des ambiances crépusculaires m’exaspère. Vous voulez savoir ? On ne voit rien. Et ne venez pas me parler de placement, j’étais au premier rang. J’avoue, passer un temps fou à essayer de discerner vaguement un mouvement, tenter vainement d’embrasser du regard l’ensemble de la scène plongée dans une pénombre savamment étudiée, c’est chiant. En plus, c’est facile et ça me donne l’impression qu’on masque les imperfections sous une couche de poudre en me clamant que c’est du dernier chic. Et bien non, je préfère la netteté. Passons.

En fait, ce qui m’a emmerdé ce soir, c’est la chorégraphie. Le propos est ambitieux et m’a donné envie de venir voir, c’est vrai. Il est difficile et casse-gueule, je le reconnais. C’est courageux de s’être jeté dedans, sans aucun doute. Mais Christian Rizzo, après avoir choisi une très belle cible, s’est consciencieusement appliqué à la rater.

La danse tribale, qu’elle soit archaïque ou contemporaine, rythmée par les fifres et tambourins des bergers d’il y a 3000 ans, par la batterie du rock ou les bpm de l’électro, n’est pas une affaire intellectuelle. C’est un langage corporel puissant qui vise en réalité, à un moment donné, à faire sortir la transe. C’est ce point où le danseur cesse de danser pour son audience, cesse même de danser pour lui, mais commence à danser sur une pulsation interne, une vague intérieure qui est entrée en symbiose avec la musique et qui exprime une part profonde de notre identité. La transe se reconnait tout de suite : le danseur ne regarde plus vers l’extérieur, il est concentré sur l’intérieur. Tout passe par ce filtre interne : musique, rythme, sensations. La pensée s’efface, l’univers n’est plus que ce mouvement qui porte en lui sa propre justification.

La transe est compliquée pour un chorégraphe. Elle ne se contrôle pas, elle ne se domestique pas. Elle se chevauche. On l’épouse pour la guider, l’accompagner. C’est la danse de la liberté et on ne coupe pas les ailes de la liberté.

Christian Rizzo a bien essayé de retrouver ces sensations tribales. Mais il n’a jamais voulu laisser la bride trop lâche sur la nuque de ses danseurs. La chorégraphie, trop contrainte, trop ciselée, trop maitrisée, étouffe toute tentative d’entrée en transe. Et du coup, elle rate son but.

« D’après une histoire vraie » se termine d’ailleurs dans la tension. Les danseurs exultaient ce soir, mais pour moi, cela sentait surtout cette énergie accumulée qui ne s’était pas libérée. Le public aussi, à sa manière, a essayé de l’exprimer. mais ses vivas bien que très enthousiastes, n’ont pas duré le temps d’un réel hommage.

C’est dommage. Le défi était beau, mais à vouloir trop polir son travail, à craindre peut être la sauvagerie de cette transe qui se trouve au bout des danses tribales, Christian Rizzo a raté son pari. Et tué son bébé.

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avril 10, 2014by Manuel Atréide
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L’autre visage des jeux.

Les jeux olympiques sont sans doute l’un des événements les plus consensuels de la planète. Tous les 2 ans, jeux d’hiver ou jeux d’été ont vocation à faire battre les coeurs de l’humanité à l’unisson. Rien n’est trop beau, rien n’est trop grand, rien n’est trop grandiloquent. Pendant deux semaines, les nations de la planète s’affrontent sur le stade dans une compétition « fraternelle » où elles envoient leurs meilleur.e.s champion.ne.s. pour ramener gloire personnelle et fierté nationale.

Hubris urbanistique

Mais les jeux ont une dimension plus ténébreuse. Une fois la fête terminée, il reste un paquet de factures à régler. A Sotchi par exemple, deux mois après la fin des 22ème olympiades d’hiver, est une ville fantôme. Non seulement l’ensemble des installations n’ont pas été construites – de nombreuses habitations n’ont jamais été terminées à temps, mais la ville est désormais déserte. Sotchi, station balnéaire russe sur les rives de la Mer Noire, est en fait une création récente, fondée au cours du XIXe siècle. En 1912, alors qu’elle avait déjà amorcé sa transformation en ville de loisir, elle comptait à peine 10 000 habitants. Capturée par l’armée Rouge en 1920, elle doit son développement à l’ère soviétique. L’attribution des jeux de 2014 a surtout été l’occasion pour l’état russe d’y injecter plusieurs dizaines de milliards de dollars pour remettre ses infrastructures à niveau.

Seulement, ces investissements ont eu pour conséquence malheureuse de chasser une partie de sa population pour faire de la place aux installations nécessaires à l’événement planétaire. Relégués dans des logements vétustes, parfois chassés sans indemnités de leur maison, les habitants de Sotchi vivent dans les interstices d’une ville qui n’est plus la leur. Une ville internationale qui a été depuis désertée par les invités olympiques.

Plus grave encore, Sotchi est localisée dans une région russe très instable, située à quelques kilomètres seulement de la frontière avec l’Abkhazie, une région théoriquement intégrée à la Géorgie mais qui a demandé son indépendance au prix d’une courte guerre qui n’a rien réglé sur le fond. La région est aussi traversée par les tensions ossètes, tchétchènes, entre arméniens et azéris. Le Caucase n’est pas le coin de la planète le plus stable ni le plus sûr. Difficile dès lors de faire de Sotchi la principale ville d’une nouvelle Côte d’Azur haut de gamme et ouverte au monde. Et les investissements russes à Sotchi risquent fort de connaitre le destin de nombreuses constructions sorties de terre à l’occasion d’olympiades passées : promises à un destin brillant, elles pourrissent en réalité dans l’indifférence générale, sauf pour les pouvoirs publics qui les paient pendant des années.

C’est le cas de l’état grec, par exemple. Les jeux olympiques d’Athènes en 2004 ont entrainé un usage excessif de financements publics que le pays n’a pas fini de payer, au sens propre comme au sens figuré. Le pays fondateur des jeux olympiques, vexé voire offensé par l’attribution des jeux du centenaire à Coca City, n’a reculé devant aucune dépense pour faire de cet événement une fête fastueuse. Installations flambant neuves, autoroutes, nouvel aéroport, nouveau métro, la capitale grecque a été gâtée.

Cela s’est fait au prix d’une débauche financière dans un pays dont les comptes publics étaient déjà truqués. La Grèce a beaucoup dépensé sans réfléchir à faire fructifier ces investissements colossaux. Et Athènes à subi de manière massive la fuite des touristes avant et pendant les jeux, fuite qui n’a pas été compensé l’année suivante par un regain d’intérêt.

Sotchi et Athènes ne sont pas des exemples isolés. Nous l’avons oublié mais Sarajevo fut ville olympique en 1984. Moins de 10 ans après, le stade olympique était devenu un cimetière. Les installations dans lesquelles la Yougoslavie avait tant investi sont devenues les ruines d’un pays fracassé.

Les athlètes sacrifiés.

Mais les villes olympiques ne sont les seules à devoir payer une facture élevée. Les femmes et les hommes, les champions olympiques ont, eux aussi, des lendemains difficiles, une fois la fête finie. Personne ne devient champion olympique par hazard et la montée sur le podium vient couronner une vie consacrée à une activité sportive, parfois au détriment de tout le reste. Les athlètes ont pour la plupart, dès leur plus jeune âge, rythmé leur vie par des entrainements intensifs quotidiens. Vivant en marge de leurs camarades d’école, le vie est tout entière focalisée sur un objectif unique : arriver au top.

Ce top, cet apex qu’ils visent est, dans toutes les disciplines olympiques, la plus haute marche du podium. L’énergie qu’ils vont mettre pour l’atteindre constitue l’essence même de la fascination que les J.O. exercent sur le public. Le succès – ou l’échec – de ces jeunes femmes et hommes sont les deux raisons de l’immense popularité des compétitions olympiques. Cette même popularité est le moteur des investissements publicitaires des grandes multinationales comme Coca-Cola.

Que se passe-t-il pour les athlètes une fois la fête terminée. Que les médailles aient été glanées ou qu’elles soient restées hors de portée, le destin de ces sportifs et sportives et à peu près le même. Après une courte période de gloire, ils retombent dans un anonymat et un quotidien dépourvu de tout but. En effet, les disciplines qui permettent encore de concourir lors de plusieurs olympiades se font toujours plus rares. La dureté des préparations, l’intensité des compétitions sont difficiles à tenir pour quatre années supplémentaires une fois qu’on est passé dans le grand bain olympique.

Prenez Ian Thorpe. Son statut de quintuple champion olympique et ses onze médailles de champions du monde, Ian Thorpe est sans doute le plus grand athlète australien. De plus, il a gagné son or olympique chez lui, à Sidney en 2000. Ian Thorpe au sortir des jeux est un dieu vivant dans son pays natal. Il renonce à participer aux J.O. suivants, arguant d’un manque de motivation. Après un retour raté pour les jeux de Londres en 2012, Ian Thorpe finira par rendre public une vie marquée par la dépression, l’addiction à l’alcool et la tentation du suicide.

Prenez Laure Manaudou. Après la gloire athénienne, sa vie bascule dans un certain chaos marqué par un changement d’entraineur, un histoire amoureuse rocambolesque et marquée par le geste sordide de son compagnon d’alors et de multiples désillusions sportives à Pékin puis à Londres.

Prenez Greg Louganis et l’impact qu’ont eu sur sa vie la révélation de son homosexualité couplé à sa séropositivité dans les années qui ont suivi les J.O. de Séoul, notamment la désertion de ses sponsors à l’exception de Speedo. Prenez Marie-JoséPerec adulée à Atlanta, lynchée à Sidney. Prenez Tom Daley, pourchassé sans cesse, sommé de s’expliquer encore et encore sur son orientation sexuelle.

Les Jeux olympiques sont-ils des événements planétaires faisant la promotion de valeurs de solidarité et de dépassement de soi ? Sans aucun doute. L’idéal olympique est-il toujours digne d’être défendu ? Bien sûr. Cependant, les J.O. ont une dimension de jeux du cirque et sont minés par l’argent-roi et la corruption depuis les présidences Samaranch et Rogge. Le nouveau président du C.I.O., l’ancien sportif et actuel avocat et homme d’affaire allemand Thomas Bach, est lui, déjà accusé de mêler business et sport. Saura-t-il amorcer un virage vers une éthique retrouvée ? En a-t-il seulement envie ?

Les pays dépensent des milliards de dollars pour héberger les jeux olympiques. Les sponsors déboursent eux aussi des milliards de dollars en sponsoring et publicités pour que leur image soit associée à celle des jeux. Mais une fois que la caravane s’est éloignée, nous ne nous intéressons pas aux lieux et aux gens. Ils sont la face sombre des jeux olympiques modernes. Ils sont ceux qui paient les  vilaines factures du lendemain, les notes qu’on apporte une fois que les lumières du show TV se sont éteintes.

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avril 8, 2014by Manuel Atréide
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