La recherche européenne n’est vraiment pas aidée. A moment où elle signe un de ses succès les plus spectaculaires et les plus importants, l’ESA se trouve embarquée dans une de ces polémiques dont les réseaux sociaux ont le secret. Le Docteur Matt Taylor, chargé de la communication pour la mission Rosetta, est accusé de sexisme pour une chemise.
Que reproche-t-on à cet homme au juste ? Rien de moins, et rien de plus que d’avoir porté une chemise imprimée qui arbore des dessins de femmes en tenues affriolantes.
Cette chemise est-elle à mon goût ? Absolument pas. La porterais-je dans une quelconque circonstance ? il faudrait me payer cher.
Mais, cette chemise est-elle sexiste ? Pour qu’elle le soit, il faudrait prouver que la femme est utilisée comme décoration sur un vêtement alors qu’on ne ferait pas la même chose avec l’image d’un homme. Raté, les vêtements – notamment des t-shirts – qui arborent des dessins ou photos d’hommes dans des tenues au moins aussi affriolantes que les femmes de la chemise du Dr Taylor, il en existe des kilos.
Franchement, on a sans doute collectivement mieux à faire que de faire chier un scientifique de l’ESA pour son gout vestimentaire. La mission Rosetta / Philae est sans aucun doute l’un des plus importants travaux scientifiques humains de toute l’histoire et je ne serais pas surpris qu’une moisson de prix nobels viennent un jour couronner cette mission historique. Rosetta / Philae pourrait répondre à certaines des plus importantes questions que la science se pose sur nos origines, notamment l’hypothèse selon laquelle les comètes auraient ensemencé notre monde avec les briques de la vie, voire des formes de vies primitives. Elle répondra aussi vraisemblablement à la question sur l’origine de l’eau de notre planète et nous donnera un paquet d’informations sur la composition de notre système solaire à ses débuts.
Je serais, en tant que citoyen, particulièrement fier de voir un jour ces femmes et ces hommes défiler sur les Champs Elysées. Si nous sommes capables de célébrer une équipe de sportifs qui vient de gagner une médaille internationale, alors l’ensemble de l’équipe Rosetta mérite elle aussi cet hommage.
Ce serait aussi un bon moyen (et pas financièrement ruineux) de dire publiquement deux choses :
- l’Europe scientifique et spatiale est en pointe
- la recherche scientifique est, elle aussi, digne d’être célébrée collectivement et même d’une manière spectaculaire.
Je suis à peu près certain que ces scientifiques (des nerds comme les appellent un certain nombre de mes collègues, oubliant que ce terme est à l’origine une injure) seront sur leur 31.