Eglise et LGBT, une relation conflictuelle et un manque de respect évident.

Eglise et LGBT, une relation conflictuelle et un manque de respect évident.

On entend peu parler du diocèse aux armées françaises. Cependant, le dernier éditorial de Mgr Ravel, évêque aux armées, fait un peu de bruit dans Landerneau. En effet, il y déclare son opposition à un certain nombre d’avancées sociétales.

Mais l’idéologie de la bienpensance fait chaque année 200 000 victimes dans le sein de leur mère. L’IVG devenue droit fondamental est une arme de destruction massive. Alliés pour la France avec d’autres, nous devons faire front contre les attaques terroristes explicites. Mais, pour autant, nous ne devons pas cautionner les folies de l’euthanasie, du mariage pour tous et autres caricatures de Charlie-Hebdo. (Mgr Ravel, EGMIL Fev. 2015)

Je suis déjà mal à l’aise face à un homme de sa position et de sa qualité qui emploi l’expression de « bienpensance ». Ce poncif éculé a pour but de faire passer son auteur pour une victime (ce que Mgr Ravel n’est pas) ou un rebelle au système (ce qu’il n’est pas plus). j’ai en plus du mal avec un homme qui qualifie le droit à l’IVG d' »arme de destruction massive », qui semble rejeter la réforme du mariage civil opéré par le gouvernement qui l’emploie et vient enfin remettre en question la liberté du média Charlie Hebdo de publier des caricatures. Je suppose que les caricatures qui dérangent tant Mgr Ravel ont un sujet religieux.

Cet éditorial, publié en toute indépendance dans la revue EGMIL (Eglise dans le Monde Militaire) s’est attiré la critique de certains médias, dont Yagg, média LGBT qui a fort peu gouté l’exercice.

Voici que le Vicaire Général, Mgr Robert Poinard, s’insurge publiquement contre le billet de Yagg et se lamente sur la liberté d’expression bafouée ou remise en question de son évêque.

La « dénonciation » de YAGG me semble grave en ce que la pointe de son attaque dénie totalement à une autorité religieuse, porteuse d’une éthique dont le contenu est universellement reconnu par une fraction importante de l’humanité, le droit d’exprimer librement cet enseignement moral et spirituel. (Mgr Poinard, Site du Diocèse aux Armées Françaises)

Si je comprends bien les propos du Vicaire Général, la liberté d’expression doit s’arrêter avant la critique des positions de l’évêque aux armées ? Celui-ci peut, en toute liberté et sans restriction, dire son opinion mais un organe de presse comme Yagg doit lui s’abstenir de tout commentaire ?

Mgr Ravel est évêque aux armées. Citoyen français, sa liberté d’expression lui est garantie par la loi. Cependant, comme pour tout un chacun, cette liberté d’expression n’est pas absolue, elle est encadrée. Elle n’inclue par exemple pas la liberté de diffamer ou d’insulter.

Par ailleurs, Mgr Ravel est militaire. Ce statut lui accorde nombre de droits et de devoirs, comme à n’importe quel militaire. Que Mgr Ravel, en tant que citoyen, exprime sa position personnelle ou religieuse sur la réforme du mariage, l’avortement ou la fin de vie, c’est la moindre des choses.

Cependant, se pose la légitimité d’une telle prise de parole dans un organe de presse qui comprend, sur sa couverture, le logo officiel du ministère de la défense. Ce même organe de presse est d’ailleurs réalisé et imprimé avec le concours du SGA/SPAC, un service du ministère de la défense. Dans cette même revue, l’évêque aux armées y apparait en uniforme.

Il y a là un mélange des genres qui n’est pas acceptable. le problème que soulève l’éditorial de Mgr Ravel ne concerne pas sa liberté d’expression, elle lui est garantie. Le problème vient de la position qu’il prend quand il parle (celle d’un militaire) et de l’organe dans le quel il s’exprime, organe indubitablement lié au ministère de la défense.

J’ai eu le privilège de servir mon pays durant 5 ans suivant mon service militaire. Jeune officier dans l’armée de l’air, j’ai été infiniment fier de servir sous l’uniforme. J’ai finalement quitté l’armée entre autres pour ne plus travailler dans un milieu professionnel à l’époque profondément homophobe.

Je regrette que 20 ans après, un militaire qui se trouve être aussi un dignitaire de l’église catholique se sente en droit de professer son homophobie dans une revue officielle. Je regrette aussi qu’un de ses plus proches collaborateurs s’offusque ensuite qu’on lui fasse savoir notre désaccord.

Notre pays garantit la liberté d’opinion. Si la foi de ces deux hommes n’a aucune limite, l’expression de cette foi, elle, en a. Pour chacun d’entre eux.

Written by Manuel Atréide