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Quels sont les ennemis du C.I.O. ?

Fontaine en ruine sur le site du village olympique de 2004 à Athènes Source: AP

L’information va poser rapidement un gros problème au Comité International Olympique. Pour les Jeux Olympiques d’hiver de 2022, trois candidatures étaient jusque là en lice : Pékin en Chine, Almaty au Kazakhstan et Oslo en Norvège. La capitale européenne a jeté l’éponge, la population refusant d’avoir à assumer des investissements pharaoniques pour une manifestation sportive de 15 jours qui laisse derrière elle des installations dont on ne sait que faire. La multiplication des articles sur les sites olympiques à l’abandon ne vient pas aider le CIO à convaincre du contraire.

Otage ou complice des sponsors ?

Selon le C.I.O., le bon développement des Jeux Olympiques nécessite des sommes considérables. Ce postulat a conduit le comité à vendre les J.O. à des multinationales qui, en échange de leur mécénat, cherchent un retour sur investissement conséquent.

Le C.I.O. autorise donc les actions suivantes à ses partenaires privés :

  • Le droit d’utilisation de toute l’imagerie olympique ainsi que les désignations olympiques appropriées sur les produits
  • La possibilité d’accueil aux Jeux Olympiques
  • Une publicité directe et des opportunités promotionnelles, y compris un accès préférentiel à la publicité au cours de la diffusion olympique
  • Des concessions sur site / franchises et vente de produits / opportunités de représentation
  • Une protection contre le marketing pirate
  • La reconnaissance de leur soutien au travers d’un vaste programme de reconnaissance envers le parrainage olympique.

Sans surprise, les sponsors les mettent en action. Ainsi, lors des derniers Jeux Olympiques de Londres en 2012, les visiteurs ne pouvaient utiliser leur carte de crédit si elle n’était pas une Visa. Clients AmEx, payez en cash ! Porter un vêtement publicitaire pour un concurrent de Coca-Cola ? On n’entre pas sur le site, même quand vous avez payé votre billet.

le C.I.O. a une définition de l’olympisme :

« L’Olympisme est une philosophie de la vie, exaltant et combinant en un ensemble équilibré les qualités du corps, de la volonté et de l’esprit. Alliant le sport à la culture et à l’éducation, l’Olympisme se veut créateur d’un style de vie fondé sur la joie dans l’effort, la valeur éducative du bon exemple et le respect des principes éthiques fondamentaux universels »

Pendant les jeux, cette définition est toujours valable, mais seulement si elle se fait aux couleurs et conditions des sponsors. Sacrée limitation.

Otage des régimes politiques ?

Les besoins financiers du C.I.O. l’ont aussi conduit à accepter des candidatures émanant de pays prêts à mettre beaucoup d’argent sur la table, mais qui ne respectent pas plus la charte olympique que les sponsors. La Charte Olympique est pourtant très claire :

« Toute forme de discrimination à l’égard d’un pays ou d’une personne fondée sur des considérations de race, de religion, de politique, de sexe ou autres est incompatible avec l’appartenance au Mouvement olympique. »

Que va donc pouvoir faire le C.I.O. face à la candidature kazakh ? Ce pays présente une situation peu reluisante des droits de l’homme. pratique de la torture, arrestations arbitraires, violation de la liberté religieuse et de la liberté d’expression, repression des orientations sexuelles minoritaires, le Kazakhstan n’est pas en mesure de prouver son adhésion à la Charte Olympique.

Malheureusement, la Chine n’est pas plus en mesure de démontrer son respect de la Charte Olympique que le Kazakhstan. Là aussi, les violations des libertés religieuses, libertés d’expression, respect des minorités sexuelles etc sont patentes et relevées par les organisations non gouvernementales comme Human Right Watch.

Dès lors, les Jeux Olympiques d’hiver de 2022 sont-ils menacés ? le C.I.O. va-t-il faire pression sur certains pays membres afin qu’ils respectent la charte olympique comme ils se doivent de le faire ? En fait non. Le Comité International Olympique regrette la décision norvégienne mais rejette la responsabilité sur les politiques de ce pays qui, selon lui, n’ont pas fait leur boulot et «pris leur décision en se basant sur des demi-vérités ou des inexactitudes.»

Otage des réseaux sociaux ?

Une source proche du comité va même plus loin. Pour le moment, la défection norvégienne n’est due qu’à une minorité d’activistes dont le seul but est de critiquer les jeux.

« La difficulté des pays matures, c’est de mobiliser la population, de ne pas donner d’espace à cette minorité tapageuse qui critique les Jeux », analyse un expert, engagé auprès du CIO. « Les candidatures communiquent traditionnellement vers l’extérieur, l’étranger. Depuis l’explosion d’internet et des réseaux sociaux, parce qu’un petit groupe peut se donner beaucoup d’importance, il faut d’abord communiquer vers les habitants de son propre pays », reprend-il. (arcinfo.ch)

Difficile à croire, mais l’ennemi des J.O., c’est l’internaute tapageur sur les réseaux sociaux. Vraiment ?

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octobre 3, 2014by Manuel Atréide
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Le Musee et le Blogueur

8 mai, temps de merde sur Paris. J’irais bien au musée mais avec une cheville strappée suite à une gamelle de quiche (a mother-fucking-quiche) hier soir, ce n’est peut être pas la meilleure idée du monde. Bref, je réseaute. Et voici que je tombe sur ça :

Coté collection du @MnMBrest préparez votre visite en photos et histoire du musée avec le blog du Surfer nocturne http://t.co/m2kZrOY76F

— Musée Marine, Paris (@museemarine) 8 Mai 2014

Intéressant à plus d’un titre. Tout d’abord, l’ensemble des musées français ne sont pas encore sur les réseaux sociaux, loin de là. De plus, lorsqu’ils y sont, les community managers sont d’abord et avant tout dans le relai de la communication institutionnelle de leur établissement. Un peu moins dans la mise en avant des actualités, très peu dans le dialogue avant ou post visite avec les visiteurs, et quasiment jamais dans une interaction avec les internautes-twittos-blogeurs.

Nous sommes ici dans un tout autre cas. Nous avons un musée national qui, suite à une veille en ligne, a identifié un article de blog consacré à un de ses établissements, a pris le temps de le parcourir voire de le lire, l’a jugé bon et prend ensuite la peine de le relayer sur Twitter en indiquant que cet article est un bon moyen de préparer sa visite à Brest.

Je ne doute pas que le Musée national de la Marine à Brest dispose d’informations institutionnelles permettant aux gens de préparer leur visite. L’accueil de l’établissement propose d’ailleurs une myriade d’informations en ligne. Alors pourquoi mettre un blogueur à l’honneur ?

Je ne peux évidemment pas répondre à cette question mais je gage deux choses : ce blogueur sera sans nul doute heureux de voir son travail ainsi reconnu. Ensuite, ce musée, par ce geste, montre qu’il est à l’écoute de ce qui se dit sur Internet – ce qui est une bonne habitude – et qu’il n’hésite pas à sortir d’une communication classique pour utiliser les codes et habitudes des réseaux sociaux. Un petit scroll sur sa timeline permet d’ailleurs de s’apercevoir que le community manager relaie régulièrement photos et tweets.

La communication en ligne est un métier à part entière. Les réseaux sociaux ont leurs propres codes et l’interaction enrichit la communication. Visiblement, le Musée national de la Marine l’a bien compris. C’est suffisamment rare pour être souligné.

Et salué.

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mai 8, 2014by Manuel Atréide
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On l’a vu nuuuueuh tout nuuueuh*

Davey Wavey est un blogueur célèbre. Très célèbre. Ses chaines Youtube comptent plus de 700 000 abonnés et il est arrivé à ce résultat sans avoir derrière lui un quelconque annonceur sponsor. En même temps, c’est logique, Davey n’est pas un comique façon Norman Fédévidéo et il est gay. En fait, Davey est un blogueur comme tant d’autre, qui parle essentiellement de sujets qui l’intéressent. Ses petits plus sont qu’il n’est pas con, parfois avec beaucoup d’humour, qu’il est passablement bel homme et qu’il est la plupart du temps torse nu.

Bref, Davey fait son petit bonhomme de chemin sur la toile. Et puis, paf, ont commencé à fuiter des images de lui … plus dénudées que d’habitude. En fait, ces images donnent un aperçu sexuellement explicite du garçon. C’est le genre de trucs qui peut foutre une accrière en l’air, aux USA, mais pas seulement. En France, on aime bien que nos stars, politiques ou autres aient une vie sexuelle débordante, mais serions nous aussi décomplexés sur le sujet si nous avions sous les yeux les images des frasques de notre président ou de l’infortuné DSK ?

La réaction du bonhomme est intéressante : non seulement il ne nie pas, mais il est tout comptes faits,  sinon fier, du moins très à l’aise avec le coté public de ces images. Ok, on peut le voir à poil et en érection. So what ?

Il y a dans cette position quelque chose d’intéressant : comme beaucoup d’hommes de sa génération, Internet fait partie – ou a fait partie – de sa sexualité. C’est une vérité pour des millions de personnes. Contrairement à beaucoup de personnes, Davey est très à l’aise avec son corps. C’est même un  sujet récurrent chez lui, et cela n’a rien à voir avec son physique avantageux. Du coup, il assume. Et du coup, l’histoire se dégonfle. Après tout, est-ce vraiment une surprise que quelques photos de lui, un peu olé-olé, trainent ici et là ? En fait non. Et, mis à part le coté sexy du bonhomme …

Tout le monde s’en fout.

Eh oui, Internet change le monde. Pas seulement en nous permettant d’accéder à une somme d’informations autrefois hors de portée, mais aussi en nous permettant de réaliser que nous sommes très nombreux à partager ces comportements, banals ou moins banals, socialement acceptables ou considérés comme honteux. Alors qu’on vit dans une société qui est si prompte à jeter l’opprobre – vous êtes trop gros, trop maigre, trop pauvre, sans goût, sans le dernier gadget à la mode, pas avec la bonne orientation sexuelle, pas avec la bonne foi, pas dans la bonne école, le bon quartier, la bonne ville (je peux continuer ad nauseam) – il nous dit tranquillement que l’opprobre n’existe que si on l’accepte.

Cela pourrait changer pas mal de choses.

*PS : pour celles et ceux qui n’ont pas compris le titre …

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avril 16, 2014by Manuel Atréide
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Mister Rizzo, unleash the beast !

Christian Rizzo - d'après une histoire vraie

Moment détente ce soir au Théâtre De La Ville. Christian Rizzo vient nous présenter sa création 2013 : « D’après une histoire vraie. » Le propos n’est pas inintéressant. M. Rizzo, marqué par une danse folklorique vue à Istanbul une dizaine d’années auparavant, est allé chercher dans son passé des tranches de danse, des mouvements de danse tribales et traditionnelles des cultures de la Méditerranée au rock à cheveux.

Le show commence avec l’arrivée en scène progressive des danseurs pendant que deux musiciens, Didier Ambact & KING Q4 s’installent aux batteries et aux percus. Points d’appuis difficiles, synchronisation des mouvements, le départ est très technique. Puis, alors que la musique prend de l’ampleur, la chorégraphie se déploie. Effectivement, les références au rock sont là, tout comme ce parfum de proche-orient, d’empire ottoman et de ces cultures ayant mêlé danse et religion autour du bassin de notre mer commune.

Pourtant, progressivement, je décroche. C’est dur, mais en fait je m’emmerde. Ce ne sont pas les musiciens, non, ils sont extrêmement bons. Ce ne sont pas non plus les huit danseurs, leur performance est vraiment impressionnante. Ils donnent une impression de facilité et de fluidité à un travail qui est en réalité techniquement très exigeant. Non c’est autre chose.

Je vais passer rapidement sur la lumière tout en disant un mot : la mode des ambiances crépusculaires m’exaspère. Vous voulez savoir ? On ne voit rien. Et ne venez pas me parler de placement, j’étais au premier rang. J’avoue, passer un temps fou à essayer de discerner vaguement un mouvement, tenter vainement d’embrasser du regard l’ensemble de la scène plongée dans une pénombre savamment étudiée, c’est chiant. En plus, c’est facile et ça me donne l’impression qu’on masque les imperfections sous une couche de poudre en me clamant que c’est du dernier chic. Et bien non, je préfère la netteté. Passons.

En fait, ce qui m’a emmerdé ce soir, c’est la chorégraphie. Le propos est ambitieux et m’a donné envie de venir voir, c’est vrai. Il est difficile et casse-gueule, je le reconnais. C’est courageux de s’être jeté dedans, sans aucun doute. Mais Christian Rizzo, après avoir choisi une très belle cible, s’est consciencieusement appliqué à la rater.

La danse tribale, qu’elle soit archaïque ou contemporaine, rythmée par les fifres et tambourins des bergers d’il y a 3000 ans, par la batterie du rock ou les bpm de l’électro, n’est pas une affaire intellectuelle. C’est un langage corporel puissant qui vise en réalité, à un moment donné, à faire sortir la transe. C’est ce point où le danseur cesse de danser pour son audience, cesse même de danser pour lui, mais commence à danser sur une pulsation interne, une vague intérieure qui est entrée en symbiose avec la musique et qui exprime une part profonde de notre identité. La transe se reconnait tout de suite : le danseur ne regarde plus vers l’extérieur, il est concentré sur l’intérieur. Tout passe par ce filtre interne : musique, rythme, sensations. La pensée s’efface, l’univers n’est plus que ce mouvement qui porte en lui sa propre justification.

La transe est compliquée pour un chorégraphe. Elle ne se contrôle pas, elle ne se domestique pas. Elle se chevauche. On l’épouse pour la guider, l’accompagner. C’est la danse de la liberté et on ne coupe pas les ailes de la liberté.

Christian Rizzo a bien essayé de retrouver ces sensations tribales. Mais il n’a jamais voulu laisser la bride trop lâche sur la nuque de ses danseurs. La chorégraphie, trop contrainte, trop ciselée, trop maitrisée, étouffe toute tentative d’entrée en transe. Et du coup, elle rate son but.

« D’après une histoire vraie » se termine d’ailleurs dans la tension. Les danseurs exultaient ce soir, mais pour moi, cela sentait surtout cette énergie accumulée qui ne s’était pas libérée. Le public aussi, à sa manière, a essayé de l’exprimer. mais ses vivas bien que très enthousiastes, n’ont pas duré le temps d’un réel hommage.

C’est dommage. Le défi était beau, mais à vouloir trop polir son travail, à craindre peut être la sauvagerie de cette transe qui se trouve au bout des danses tribales, Christian Rizzo a raté son pari. Et tué son bébé.

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avril 10, 2014by Manuel Atréide
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L’autre visage des jeux.

Les jeux olympiques sont sans doute l’un des événements les plus consensuels de la planète. Tous les 2 ans, jeux d’hiver ou jeux d’été ont vocation à faire battre les coeurs de l’humanité à l’unisson. Rien n’est trop beau, rien n’est trop grand, rien n’est trop grandiloquent. Pendant deux semaines, les nations de la planète s’affrontent sur le stade dans une compétition « fraternelle » où elles envoient leurs meilleur.e.s champion.ne.s. pour ramener gloire personnelle et fierté nationale.

Hubris urbanistique

Mais les jeux ont une dimension plus ténébreuse. Une fois la fête terminée, il reste un paquet de factures à régler. A Sotchi par exemple, deux mois après la fin des 22ème olympiades d’hiver, est une ville fantôme. Non seulement l’ensemble des installations n’ont pas été construites – de nombreuses habitations n’ont jamais été terminées à temps, mais la ville est désormais déserte. Sotchi, station balnéaire russe sur les rives de la Mer Noire, est en fait une création récente, fondée au cours du XIXe siècle. En 1912, alors qu’elle avait déjà amorcé sa transformation en ville de loisir, elle comptait à peine 10 000 habitants. Capturée par l’armée Rouge en 1920, elle doit son développement à l’ère soviétique. L’attribution des jeux de 2014 a surtout été l’occasion pour l’état russe d’y injecter plusieurs dizaines de milliards de dollars pour remettre ses infrastructures à niveau.

Seulement, ces investissements ont eu pour conséquence malheureuse de chasser une partie de sa population pour faire de la place aux installations nécessaires à l’événement planétaire. Relégués dans des logements vétustes, parfois chassés sans indemnités de leur maison, les habitants de Sotchi vivent dans les interstices d’une ville qui n’est plus la leur. Une ville internationale qui a été depuis désertée par les invités olympiques.

Plus grave encore, Sotchi est localisée dans une région russe très instable, située à quelques kilomètres seulement de la frontière avec l’Abkhazie, une région théoriquement intégrée à la Géorgie mais qui a demandé son indépendance au prix d’une courte guerre qui n’a rien réglé sur le fond. La région est aussi traversée par les tensions ossètes, tchétchènes, entre arméniens et azéris. Le Caucase n’est pas le coin de la planète le plus stable ni le plus sûr. Difficile dès lors de faire de Sotchi la principale ville d’une nouvelle Côte d’Azur haut de gamme et ouverte au monde. Et les investissements russes à Sotchi risquent fort de connaitre le destin de nombreuses constructions sorties de terre à l’occasion d’olympiades passées : promises à un destin brillant, elles pourrissent en réalité dans l’indifférence générale, sauf pour les pouvoirs publics qui les paient pendant des années.

C’est le cas de l’état grec, par exemple. Les jeux olympiques d’Athènes en 2004 ont entrainé un usage excessif de financements publics que le pays n’a pas fini de payer, au sens propre comme au sens figuré. Le pays fondateur des jeux olympiques, vexé voire offensé par l’attribution des jeux du centenaire à Coca City, n’a reculé devant aucune dépense pour faire de cet événement une fête fastueuse. Installations flambant neuves, autoroutes, nouvel aéroport, nouveau métro, la capitale grecque a été gâtée.

Cela s’est fait au prix d’une débauche financière dans un pays dont les comptes publics étaient déjà truqués. La Grèce a beaucoup dépensé sans réfléchir à faire fructifier ces investissements colossaux. Et Athènes à subi de manière massive la fuite des touristes avant et pendant les jeux, fuite qui n’a pas été compensé l’année suivante par un regain d’intérêt.

Sotchi et Athènes ne sont pas des exemples isolés. Nous l’avons oublié mais Sarajevo fut ville olympique en 1984. Moins de 10 ans après, le stade olympique était devenu un cimetière. Les installations dans lesquelles la Yougoslavie avait tant investi sont devenues les ruines d’un pays fracassé.

Les athlètes sacrifiés.

Mais les villes olympiques ne sont les seules à devoir payer une facture élevée. Les femmes et les hommes, les champions olympiques ont, eux aussi, des lendemains difficiles, une fois la fête finie. Personne ne devient champion olympique par hazard et la montée sur le podium vient couronner une vie consacrée à une activité sportive, parfois au détriment de tout le reste. Les athlètes ont pour la plupart, dès leur plus jeune âge, rythmé leur vie par des entrainements intensifs quotidiens. Vivant en marge de leurs camarades d’école, le vie est tout entière focalisée sur un objectif unique : arriver au top.

Ce top, cet apex qu’ils visent est, dans toutes les disciplines olympiques, la plus haute marche du podium. L’énergie qu’ils vont mettre pour l’atteindre constitue l’essence même de la fascination que les J.O. exercent sur le public. Le succès – ou l’échec – de ces jeunes femmes et hommes sont les deux raisons de l’immense popularité des compétitions olympiques. Cette même popularité est le moteur des investissements publicitaires des grandes multinationales comme Coca-Cola.

Que se passe-t-il pour les athlètes une fois la fête terminée. Que les médailles aient été glanées ou qu’elles soient restées hors de portée, le destin de ces sportifs et sportives et à peu près le même. Après une courte période de gloire, ils retombent dans un anonymat et un quotidien dépourvu de tout but. En effet, les disciplines qui permettent encore de concourir lors de plusieurs olympiades se font toujours plus rares. La dureté des préparations, l’intensité des compétitions sont difficiles à tenir pour quatre années supplémentaires une fois qu’on est passé dans le grand bain olympique.

Prenez Ian Thorpe. Son statut de quintuple champion olympique et ses onze médailles de champions du monde, Ian Thorpe est sans doute le plus grand athlète australien. De plus, il a gagné son or olympique chez lui, à Sidney en 2000. Ian Thorpe au sortir des jeux est un dieu vivant dans son pays natal. Il renonce à participer aux J.O. suivants, arguant d’un manque de motivation. Après un retour raté pour les jeux de Londres en 2012, Ian Thorpe finira par rendre public une vie marquée par la dépression, l’addiction à l’alcool et la tentation du suicide.

Prenez Laure Manaudou. Après la gloire athénienne, sa vie bascule dans un certain chaos marqué par un changement d’entraineur, un histoire amoureuse rocambolesque et marquée par le geste sordide de son compagnon d’alors et de multiples désillusions sportives à Pékin puis à Londres.

Prenez Greg Louganis et l’impact qu’ont eu sur sa vie la révélation de son homosexualité couplé à sa séropositivité dans les années qui ont suivi les J.O. de Séoul, notamment la désertion de ses sponsors à l’exception de Speedo. Prenez Marie-JoséPerec adulée à Atlanta, lynchée à Sidney. Prenez Tom Daley, pourchassé sans cesse, sommé de s’expliquer encore et encore sur son orientation sexuelle.

Les Jeux olympiques sont-ils des événements planétaires faisant la promotion de valeurs de solidarité et de dépassement de soi ? Sans aucun doute. L’idéal olympique est-il toujours digne d’être défendu ? Bien sûr. Cependant, les J.O. ont une dimension de jeux du cirque et sont minés par l’argent-roi et la corruption depuis les présidences Samaranch et Rogge. Le nouveau président du C.I.O., l’ancien sportif et actuel avocat et homme d’affaire allemand Thomas Bach, est lui, déjà accusé de mêler business et sport. Saura-t-il amorcer un virage vers une éthique retrouvée ? En a-t-il seulement envie ?

Les pays dépensent des milliards de dollars pour héberger les jeux olympiques. Les sponsors déboursent eux aussi des milliards de dollars en sponsoring et publicités pour que leur image soit associée à celle des jeux. Mais une fois que la caravane s’est éloignée, nous ne nous intéressons pas aux lieux et aux gens. Ils sont la face sombre des jeux olympiques modernes. Ils sont ceux qui paient les  vilaines factures du lendemain, les notes qu’on apporte une fois que les lumières du show TV se sont éteintes.

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avril 8, 2014by Manuel Atréide
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