- Living in an #OpenWorld
 - Living in an #OpenWorld
  • Accueil
article

Balade d’un dimanche pas comme les autres.

Je Suis Charlie. Paris, boulevard de Magenta, le 11 janvier 2015 – Photo personnelle

Paris, dimanche 11 janvier 2015. Un dimanche d’hiver, un dimanche parisien, un dimanche unique. La conclusion de cette semaine qui a connu une série d’attentats sanglants a été hors de l’ordinaire. Le peuple français s’est donné rendez vous à Répu pour dire son émotion, son refus du terrorisme, de la peur et pour enfin se retrouver ensemble, recommencer à vivre.

Ce rassemblement a certes été organisé (un peu) par des politiques. Ils se sont écharpés sur le comment faire, qui inviter, qui bannir. Ils se sont écharpés sur la l’opportunité de bannir, ils se sont écharpés sur la nécessité d’un carton d’invitation. Sur la couleur, la forme, l’épaisseur, la déco dudit carton.

Ce rassemblement a été relayé par les associations. les assoces citoyennes, les assoces LGBT, les associations anti-mariage, les assoces de boulistes. Les militants se sont interrogés sur l’opportunité de venir avec des banderoles. Ils ont débattu de l’intérêt d’avoir un slogan. Ils se sont écharpés sur la la nécessité de venir alors que d’autres, les adversaires, les ennemis, les pas-bien venaient aussi.

Les militants politiques ont râlé. Tel chef d’état vient, vous vous rendez compte ? Il vient défiler à Paris après la tuerie de Charlie Hebdo alors qu’il réprime la presse dans son pays ! Benyamin Netanyahou à coté de Mahmoud Abbas ? mais vous n’y pensez pas ! Et le président ukrainien Petro Porochenko et le ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov !

« Si je ne suis pas invité, je ne viens pas ». « Si il est là, j’y vais pas. « Si celui là est devant moi, je ne défile pas derrière »…

Comment s’en sortir dans toute cette confusion ? Peur de la récupération politique, peur de défiler à coté d’une bannière jugée infâme, peur de croiser celui ou celle qu’on combat habituellement. Pas envie de croiser un sweat LMPT pour certains, un rainbow flag pour d’autres. Impossible pour un partisan du FN de marcher à cote d’un sympathisant NPA.

J’étais dans les rues de Paris cet après midi. Le genou un peu beaucoup en vrac mais je suis allé voir, renifler, sentir l’ambiance. Voir comment les gens réagissaient. Voir combien on était.

Continue reading

Tweet
janvier 12, 2015by Manuel Atréide
FacebookTwitterPinterestGoogle +Stumbleupon
article

BFM -TV, la chaine-poubelle


Jeannette Bougrab: « Mon compagnon est mort… par BFMTV

Indécence. Non pas de Jeannette Bougrab qui vient de perdre son compagnon. Elle est visiblement dévastée et a droit à toutes mes condoléances. Je ne fais aucun reproche à cette femme, je suis triste comme les pierres pour elle.

L’indécence est du coté de BFM qui tend complaisamment une caméra et filme une personne en état de détresse totale essayer de trouver un sens à ce qui vient de se passer. C’est de la télé-réalité déguisée sous les oripeaux d’un JT. C’est inacceptable et si la même chose s’était passé sur le plateau de Ruquier, nous serions tou.te.s en train de réclamer l’arrêt de cette émission poubelle.

Ruth Elkief, les responsables d’une rédaction et d’un média, tous ont décidé de déguiser de la télé-réalité et du voyeurisme écoeurant en semblant de JT. Je suis triste et en colère devant un tel spectacle. Ce n’est pas mon métier, c’est une caricature, une tromperie sur la marchandise.

Nous avons besoin d’être informés. Nous avons besoin qu’on nous donne accès à des faits, qu’on les mette en perspective, qu’on les explique, qu’on les replace dans leur contexte. C’est le rôle de la presse et c’est une fonction nécessaire dans nos démocraties occidentales. Sans information, un citoyen ne comprend pas les enjeux du monde et ne peut voter en toute conscience.

Ce que fait BFM-TV n’est plus de l’information. C’est une course à l’audience et au chiffre d’affaires en flattant nos plus bas instincts. C’est grave. D’autant que d’autre médias adoptent les mêmes méthodes.

C’est aussi totalement à l’encontre de ce qu’est Charlie Hebdo.

___

MAJ : Il est sans aucun doute intéressant de relire Ravages de la télévision continue, écrit par Eric Klinenberg et publié par le Monde Diplomatique en octobre 2001. L’auteur explique les effets de sidération et de préparation des américains à la manipulation de leur capacité à réfléchir. Nous savons ce qui s’est ensuite passé : guerre en Afghanistan qui n’aura abouti à aucun changement notable, invasion de l’Irak, Guantanamo, etc.

Je vous laisse avec cet extrait de l’article :

«Cela doit être dur pour vous et votre famille, demande un journaliste au père d’une fille de vingt-huit ans annoncée morte, Que ressentez-vous?»

Cela va vous faire penser à quelque chose.

Tweet
janvier 9, 2015by Manuel Atréide
FacebookTwitterPinterestGoogle +Stumbleupon
article

La meilleure arme contre le terrorisme

La liberté de la presse est une arme de destruction massive du terrorisme.

Celles et ceux qui réclament un statut particulier pour l’Islam, que ce soit un statut privilégié ou une interdiction, font le jeu de ces terroristes. La république française est laïque, elle n’a aucune considération ou mépris particulier vis à vis des religions. Aucune d’entre elles.
 
De même, les gens qui se réclament de l’Islam pour justifier leurs actes criminels ne sont pas des croyants mais des imposteurs qui usurpent une foi et l’utilisent à des fins personnelles. L’islam n’est pas plus en cause dans cette attaque que le christianisme ou le pastafarisme. C’est ce qu’a rappelé l’université Al Azhar du Caire le jour même de l’attentat contre Charlie hebdo. 
Dès lors, si les condamnations émanant des pays d’Islam est un signe de solidarité que nous apprécions en tant que français, il n’y a aucune justification aux injonctions qui sont faites aux musulmans ici ou ailleurs. Ils sont, comme tout un chacun, victimes du terrorisme et n’ont aucun brevet de bonne conduite à présenter.
 
Enfin, rappelons le : si le terrorisme est une guerre contre la démocratie, ce n’est pas un danger mortel pour cette dernière. Seul notre manque de confiance dans la validité de notre modèle politique est à craindre. En revanche, la démocratie est le poison mortel du terrorisme. Ce type de criminalité ne prospère que dans un cadre coercitif voire dictatorial.
 
Nous avons nos armes. La haine n’en fait pas partie. La restriction des libertés civiles non plus : nous ne vaincrons pas le terrorisme en laissant l’Etat nous priver de nos libertés de peur que les terroristes ne le fassent. 
Tweet
janvier 8, 2015by Manuel Atréide
FacebookTwitterPinterestGoogle +Stumbleupon
article

Les parodies de catholiques

la cathédrale de Cologne dans l’obscurité en signe de protestation contre les manifestation du mouvement Pegida

La cathosphère est florissante. L’arrivée des technologies permettant la tenue de blog individuels ou collectifs et la simplification des outils de gestion de contenus permettant la création de sites presque aussi performants que les médias professionnels ont révolutionné l’accès à l’information pour les français. Désormais, l’article d’analyse sérieux ou la dépêche AFP sont sur un pied d’égalité avec les propos de tout un chacun, votre serviteur compris.

Cela permet de multiplier, d’enrichir et de diversifier l’accès à l’information. Cela permet aussi de mettre la propagande sur un pied d’égalité avec elle et même de la dissimuler sous les oripeaux de l’info.

Prenons le cas d’un site populaire, classé à la fois dans la cathosphère et la fachosphère : le salon beige. Ce « blog d’actualité quotidien » tenu « par des laïcs catholiques » est une source d’info largement répandue dans certains cercles de la société française. Source d’info, vraiment ? En réalité, le salon beige est un aggrégateur de propagande dont les auteurs se piquent parfois d’en écrire eux même. Ils se disent catholiques mais présentent de curieux biais. Par exemple, la consultation des archives nous apprend que les entrées de blog sur le thème de l’homosexualité écrasent par leur nombre (plus de 7600) tous les autres thèmes, y compris les « valeurs chrétiennes » qui en totalisent moins de 2600. Fixation – voire obsession  étonnante pour un blog qui se prétend catholique.

Autre exemple : ce site professe largement son rejet de l’Islam (plus de 3000 entrées), dénonçant régulièrement toutes les fautes, tous les crimes et délits de musulmans (toujours présentés comme tels). Il relaie aussi largement toutes les initiatives pour combattre cette religion de par le monde et plus particulièrement en Europe et en France.

A ce titre, il relaie d’ailleurs le mouvement Pegida en Allemagne en des termes plutôt bienveillants et en tout cas sans aucune critique. Etonnamment, il omet en revanche d’expliquer que le mouvement Pegida est largement critiqué en Allemagne par des institutions catholiques, parmi lesquelles on compte l’archevêché de Cologne qui a décidé – fait rarissime – le blackout de la cathédrale pour protester contre ces manifestations qu’il juge racistes et dangereuses.

Michel Janva et ses acolytes sont en fait largement des parodies de catholiques, des extrémistes qui n’hésitent pas  se draper dans une foi dont ils contestent des pans entiers de la doctrine pour mieux faire avancer leurs idées politiques. Cela porte un nom : l’entrisme.

Je me demande combien de temps encore les autorités catholiques de ce pays, à commencer par la Conférence des Evêques de France, vont tolérer une pareille instrumentalisation de leur religion.

Tweet
janvier 6, 2015by Manuel Atréide
FacebookTwitterPinterestGoogle +Stumbleupon
article

Se souvenir, mais sans tambour ni trompettes ?

La capote d’Act-Up. Cette année, la mairie de Paris a distribué 500 000 capotes. Il y a 2 millions de parisiens

Le 1er décembre, comme tous les 1er décembre, on parle un peu SIDA. On fait semblant de se mobiliser, on fait semblant de s’intéresser, on fait semblant de croire encore que c’est important. Un petit rassemblement auquel on participe vite fait – ou auquel on envoie un représentant, un petit communiqué de presse aussi vide que les mots employés sont ronflants et puis pouf, on referme le dossier pour un an.

C’est vrai quoi, c’est le premier jour de décembre, il commence à faire froid. Aller se geler le cul dehors pour une manif’ de plus ? C’est pas la saison. Et puis, y’a le téléthon qui approche et ça, c’est médiatiquement important. Et bien sûr, Naël ! Il va falloir penser aux guirlandes, aux jolies vitrines. Aux boites de chocolats pour nos « anciens ». Préparer les speeches de la nouvelle année, les voeux à tout ce que la planète (enfin la chose qu’on dirige) compte de gens importants.

Yep, le 1er décembre pour nos élus, c’est de plus en plus la corvée. Ca fait des années en fait, que c’est la corvée, si on y réfléchit bien. Le SIDA, c’est plus aussi porteur qu’il y a 25 ans.

A l’époque, les victimes étaient jeunes, innombrables et surtout, on les connaissait de près. On les croisait dans les soirées « branchées » qui faisaient vibrer le Paris du second septennat de François Mitterrand. On avait quelques semaines – ou quelques mois après – le frisson d’apprendre leur disparition. Le virus faisait frémir une partie de la classe politique, cette élite qui avait perdu depuis longtemps l’habitude de croiser la maladie et la mort dans son entourage. On commençait à s’occuper du SIDA comme nos rois touchaient les écrouelles : sans trop y croire mais avec une sacrée conviction affichée devant le peuple les médias. Ca faisait de belles images à la télé, enfin, on pensait.

Et puis, ils criaient fort. Ils hurlaient leur rage de mourir à 20 ans, ils hurlaient leur rage d’être laissés seuls face à ce fléau, ils hurlaient leur tristesse de voir leurs presque-vieux amis morts être remplacés par leurs nouveaux-et-bientôt-morts camarades. Cette tragédie grecque sous les fenêtres des salons de la République, c’était … épique. Et parfois tellement artistique.

Et puis les trithérapies sont arrivées. Les décès en masse ont diminué, la faucheuse s’est faite plus discrète. Au lieu de moissonner en paquets de douze, elle a continué, plus tranquillement. Moins, sans doute, mais c’était – c’est encore – l’assurance d’une moisson plus durable. Le SIDA, on ne l’avait pas vaincu, on le tenait simplement à bout de bras. C’était déjà une sacrée victoire.

Cependant, pourquoi nous sommes nous arrêtés là ? Pourquoi la prévention, autrefois la seule ligne de défense, est-elle devenue le but ultime à atteindre, garder et préserver ? Avons nous renoncé à vaincre le SIDA ? Que s’est-il passé ? Ces questions sont légitimes lorsqu’une étude nous explique qu’un étudiant français sur trois n’utilise jamais de capote.

La cause est devenue moins criante, moins immédiate, moins terrifiante. En un mot politique, moins sexy. « Le SIDA ? Bah, y’a des traitements maintenant ! » Et puis ces grosses pilules se sont faites plus discrètes, on a bien combattu leurs effets secondaires. Et puis, c’est tout de même un truc de pédés. On les aime bien dans les soirées hype, mais de là à les avoir comme voisins … ou comme parents d’élèves dans les classes de nos enfants ?

Il y a eu le 11 septembre, la guerre en Irak, les émeutes dans les banlieues, le terrorisme, les islamistes, les sub-rimes, la crise, les élections, le 2.0, le changement climatique, le chômage le « mariage-pour-tous » Frigide-Barjot-Nicolas-Sarkozy-Julie-Gayet-Marine-Le-Pen …. Tant de choses se sont passées depuis. Le SIDA? So nineties !

So oublié aussi. Certes, on a un monument à La Villette. J’avoue ne même pas savoir où il est ni à quoi il ressemble. Comme à peu près tout le monde. Certes, on a le 1er décembre. Quelques pins défraichis qu’on ressort quand on se souvient du tiroir où on les a rangé il y a un an … ou deux.

Cleews Vellay. Un nom qui ne dit plus rien aux deux dernières générations. Contrairement à Jeanne d’Arc.

Le SIDA est redevenu silencieux. Impensé. Innommé. Et c’est logique.

Nous avons dans nos villes des rues, des artères majeures, parfois des quartiers entiers qui portent le nom de femmes et d’hommes quo ont donné leur vie pour des causes. Beaucoup sont des saints de l’église catholique. Certains sont des héros, telle Jeanne d’Arc, tel Victor Hugo. Nous nous sommes donné des repères, des balises dans nos mémoires. Nous n’avons pas oublié, nous n’avons pas accepté d’oublier.

Que nous reste-t-il de nos morts du SIDA ? Quelques couvertures. Des archives LGBT sans aucune structure pour s’en occuper. Des photos jaunies. Deux ou trois noms. Et des activistes héroïques et vieillissants, vivant avec leurs souvenirs et leurs traitements.

Je sais, je suis un grand naïf mais, Madame Hidalgo, quand aurons nous une rue Cleews Vellay à Paris ?

Tweet
décembre 6, 2014by Manuel Atréide
FacebookTwitterPinterestGoogle +Stumbleupon
article, médias

They do the news !

Journalism attempts to be fair and accurate. It does this through objective methods and managing bias.

Ce week end, la réforme du mariage civil menée par Mme Taubira est revenue sous les feux de l’actualité. Une fois de plus. Pour beaucoup de gens, c’est une fois de trop. Les LGBT en ont ras le bol d’être, une fois de plus, pointés du doigts comme de vilains petits monstres qui « abiment le mariage » éternel et sacré. Les français sont, eux, en train d’adopter la réforme qui recueille désormais l’assentiment d’une majorité d’entre eux, y compris sur l’adoption.

Serait-il temps de passer à autre chose alors, comme le pensent tant de gens ? Idéalement oui.

Idéalement, je suis d’accord avec Didier Lestrade qui publie une tribune dans les pages de Slate pour expliquer que cette fixation sert des fins politiques. Rien de tel qu’un bon fight sur un sujet sociétal pour distraire un pays des difficultés dans lequel il se débat. Ca occupe et ça permet aussi à nos dirigeants de trouver les bonnes solutions aux problèmes sans avoir en plus à les expliquer et à les défendre contre une opinion publique rétive. Dans le meilleur des cas.

Sauf que nous ne sommes pas dans un monde idéal. Passer à autre chose ? Mais le pays compte un paquet de gens qui ne veulent pas ! Ils sont peut être minoritaires mais ils sont déterminés. Tellement déterminés d’ailleurs qu’une partie d’entre eux ont monté un groupe au sein de l’UMP, un groupe assez influent pour réussir une performance jusque là refusée par un ou plusieurs des candidats à la présidence de ce parti : les réunir tous les trois dans un même meeting pour qu’ils expliquent successivement leur point de vue sur la vie, l’amour, l’univers, la mort et bien sûr, la réforme du mariage civil.

Leur détermination d’ailleurs ne s’arrête pas là : les militants de Sens Commun ont réussi l’exploit rare de déstabiliser un ancien président de la République, un homme politique dont les plus de trente ans de carrière politique lui permettent normalement de conquérir les coeurs d’une foule lors d’un meeting. Or, ce samedi dernier, Nicolas Sarkozy, loin de pouvoir se faire entendre de militants de son propre parti politique, a du leur accorder – visiblement à son corps défendant – le concept qu’ils attendaient de lui : l’abrogation de la réforme du mariage civil conduite par Mme Taubira.

Dès lors, difficile, voire impossible de faire comme si ils n’existaient pas. Difficile voire impossible de ne pas voir toutes les actions que les opposants à la réforme du mariage civil montent afin de se faire entendre et de convaincre des responsables politiques de promettre une abrogation de la loi quand ils seront élus.

Difficile, non, impossible lorsqu’on est journaliste de ne pas rapporter ces faits. Didier, tu reproches à des journalistes et à des médias – LGBT ou pas, la question n’est pas là – de faire leur travail ? Mais ils ne font que leur job lorsqu’ils rendent compte à leur lectorat de ce qui se passe et de la manière dont s’est déroulé le meeting de Sens Commun samedi ! Osons le nom d’ailleurs, celui que tu n’as pas envie de prononcer: Yagg. Yagg, média LGBT a eu non seulement raison de faire ce compte rendu, mais il a raison de couvrir l’ensemble des réactions des politiques ou des associations LGBT. C’est son travail et c’est ce que son lectorat attend de lui. Mieux, alors que le site étudie son passage en mode freemium, son équipe de journalistes va de plus en plus devoir faire le choix de l’information car, soyons honnêtes, peu de gens paient pour lire des activistes, en tout cas pas assez pour faire vivre une rédaction.

Je sais que tu n’es pas le seul à être exaspéré de cette couverture mais un média ne fait pas de RP. Le journalisme, c’est faire de l’info. Les lobbyistes le savent parfaitement. Leur travail est de créer l’événement qui fera du bruit, suffisamment de bruit pour susciter l’intérêt d’un auditoire et devenir par là une histoire, donc une info. Un journaliste rend compte de l’info. Il doit cependant le faire en plaçant cette information dans son contexte, en enrichissant le produit des communicants de façon à ce que le lecteur puisse se forger une opinion. Par lui même.

Les médias sont dans leur rôle lorsqu’ils couvrent la prise de position de Nicolas Sarkozy sur la réforme Taubira. Cela ne te plait pas. Cela ne plait pas à beaucoup de gens, cela ne me plait pas à titre personnel. Mais la guerre qui reprend entre Israéliens et palestiniens ne me plait pas non plus, pas plus qu’elle ne va plaire à beaucoup de gens. Pourtant, elle va devoir être couverte par les journalistes.

Ce n’est pas en détournant les yeux d’une chose qu’elle cesse d’exister. Si les opposants à la réforme du mariage civil doivent être combattus, ils le seront par d’autres que des journalistes. Ils le seront par des activistes, des militants, des communicants engagés et doués, des associations de citoyens.

Nous, journalistes, rendrons compte de cela, du mieux que nous pourrons. C’est notre métier. Nous sommes des observateurs, pas des justiciers.

We do the news.

Tweet
novembre 19, 2014by Manuel Atréide
FacebookTwitterPinterestGoogle +Stumbleupon
article

Le changement climatique, moteur d’une nouvelle revolution industrielle ?

Le ciel parisien sans sa pollution havane, une vision de plus en plus rare. (photo personnelle)

La bataille fait rage autour du travail fait par le GIEC pour modéliser le climat de la planète et en prédire l’évolution en prenant en compte l’impact sur lui de l’activité humaine.  Les « climato-sceptiques » mènent une bataille acharnée pour exonérer l’industrie en général, et l’utilisation d’énergies fossiles en particulier de toute responsabilité dans les variations du climat que nous commençons à mesurer. Cette bataille est désormais largement perdue face à l’examen des faits et aux inexorables lois de la physique : l’activité humaine rejette des quantités astronomiques de dioxyde de carbone (constat) dans l’atmosphère et cette molécule est un gaz à effet de serre (fait scientifique prouvé).

Cependant, si le travail de conviction des dirigeants politiques et économiques est en bonne voie, la population humaine doit, elle aussi être convaincue de cette réalité difficile  à appréhender. Le changement ne pourra pas s’opérer sans la coopération de l’ensemble de l’espère. Or, la mise en place de ces changements de comportements seront justifiés par l’obtention de résultats que nous ne pourrons certainement pas mesure à l’échelle d’une vie humaine. En d’autres termes, les gens vont devoir se contraindre sans en voir le résultat de leurs yeux. Ce genre de comportement collectif n’a pas été notre fort jusque là. Nous avons déjà mené des chantiers sur plusieurs générations, mais faute de voir le résultat final, la progression était patente.

En ces temps de crises économique, symptôme d’une crise de modèle, ce genre de vidéo peut-elle amener l’opinion publique à réfléchir et les citoyens à changer leur vote pour remodeler la société ? Peut-on bâtir une industrie performante avec les technologies qui viendront remplacer la majeure partie des outils de nos industries actuelles polluantes ?

Si tel était le cas, alors cette nouvelle révolution industrielle pourrait bien être la réponse à la question précédemment posée. Cette révolution industrielle pourrait être aux gens du XXIe siècle l’équivalent des chantiers des cathédrales : personne ne verra de son vivant le résultat final des efforts collectifs consentis, mais ces nouvelles technologies et leur utilisation dans la vie quotidienne pourraient être un excellent dérivatif.

Nous allons cependant devoir sérieusement bosser pour que cela arrive. passer outre les lobbies de tous poils. Les industries actuelles qui seront à terme condamnées ne se laisseront pas mourir sans réagir. Les partisans d’une révolution écologique intégriste verront d’un mauvais oeil une autre porte de sortie de crise que leur solution de retour à un monde « plus simple » qui n’est en réalité qu’une version revampée d’une planète débarrassée de la technologie industrielle. Nous allons surtout devoir trouver les bonnes idées et mettre en place un cadre social, économique et même politique pour les voir fleurir.

Et ça, c’est encore plus hasardeux que la victoire contre les lobbies.

Tweet
novembre 18, 2014by Manuel Atréide
FacebookTwitterPinterestGoogle +Stumbleupon
article

l’ESA sur les Champs !

Sexiste, nerd ou simplement scientifique ?

La recherche européenne n’est vraiment pas aidée. A moment où elle signe un de ses succès les plus spectaculaires et les plus importants, l’ESA se trouve embarquée dans une de ces polémiques dont les réseaux sociaux ont le secret. Le Docteur Matt Taylor, chargé de la communication pour la mission Rosetta, est accusé de sexisme pour une chemise.

Que reproche-t-on à cet homme au juste ? Rien de moins, et rien de plus que d’avoir porté une chemise imprimée qui arbore des dessins de femmes en tenues affriolantes.

Cette chemise est-elle à mon goût ? Absolument pas. La porterais-je dans une quelconque circonstance ? il faudrait me payer cher.

Mais, cette chemise est-elle sexiste ? Pour qu’elle le soit, il faudrait prouver que la femme est utilisée comme décoration sur un vêtement alors qu’on ne ferait pas la même chose avec l’image d’un homme. Raté, les vêtements – notamment des t-shirts – qui arborent des dessins ou photos d’hommes dans des tenues au moins aussi affriolantes que les femmes de la chemise du Dr Taylor, il en existe des kilos.

Sexisme gay ? 😉

Franchement, on a sans doute collectivement mieux à faire que de faire chier un scientifique de l’ESA pour son gout vestimentaire. La mission Rosetta / Philae est sans aucun doute l’un des plus importants travaux scientifiques humains de toute l’histoire et je ne serais pas surpris qu’une moisson de prix nobels viennent un jour couronner cette mission historique. Rosetta / Philae pourrait répondre à certaines des plus importantes questions que la science se pose sur nos origines, notamment l’hypothèse selon laquelle les comètes auraient ensemencé notre monde avec les briques de la vie, voire des formes de vies primitives. Elle répondra aussi vraisemblablement à la question sur l’origine de l’eau de notre planète et nous donnera un paquet d’informations sur la composition de notre système solaire à ses débuts.

Je serais, en tant que citoyen, particulièrement fier de voir un jour ces femmes et ces hommes défiler sur les Champs Elysées. Si nous sommes capables de célébrer une équipe de sportifs qui vient de gagner une médaille internationale, alors l’ensemble de l’équipe Rosetta mérite elle aussi cet hommage.

Ce serait aussi un bon moyen (et pas financièrement ruineux) de dire publiquement deux choses :

  • l’Europe scientifique et spatiale est en pointe
  • la recherche scientifique est, elle aussi, digne d’être célébrée collectivement et même d’une manière spectaculaire.

Je suis à peu près certain que ces scientifiques (des nerds comme les appellent un certain nombre de mes collègues, oubliant que ce terme est à l’origine une injure) seront sur leur 31.

Tweet
novembre 16, 2014by Manuel Atréide
FacebookTwitterPinterestGoogle +Stumbleupon
article

Jeux de mots ou enjeu de pouvoir ?

Les hommes viennent de Mars, les femmes de vénus, c’est bien connu. Mais, lorsqu’ils se rencontrent à l’assemblée nationale, il peut y avoir des étincelles, pas toujours amicales. Entre Julien Aubert, député UMP de la 5eme circonscription du Vaucluse et Sandrine Mazetier, députée de la 8eme circonscription de Paris, ça tourne même parfois  à l’amour vache.

L’objet du conflit du lundi 6 octobre? Le titre porté par Sandrine Mazetier, alors présidente de séance. Doit-on s’adresser à elle avec un « Madame la Présidente » ou un « Madame le Président » ?

La logique traditionnelle de la langue française à laquelle le député se réfère est déjà contredite par le dictionnaire. Le Larousse donne cette définition :

« président, présidente : nom (latin praesidens, -entis, de praesidere, présider) Personne qui préside une assemblée, une réunion, un tribunal, dont elle dirige les délibérations ou les travaux : Président du Sénat, d’un jury. »

« Madame la présidente » n’est donc pas une incongruité linguistique absolue. C’est, de plus, une évolution largement passée dans les moeurs et qui sanctionne l’accession progressive des femmes aux métiers, postes et responsabilités autrefois réservés à la gent masculine. Mais, admettons la logique du propos et poussons la un peu plus loin.

Nous vivons dans un monde où une femme peut être officier général militaire. C’est le cas de Monique Legrand-Larroche, directrice de la Délégation Générale de l’Armement. Général quatre étoiles, rien que cela. Si « Madame la Générale » reste réservé à l’épouse du général, comment va-t-on s’adresser à l’époux du Gal Legrand-Larroche ? « Monsieur le Général » est inconcevable sauf à ce que cet homme soit effectivement militaire à un grade d’officier général.

Nous vivons aussi dans un monde où des femmes peuvent être préfètes. Leur époux peut-il se targuer d’un « monsieur le préfet » de « courtoisie » ?

Si l’épouse d’un député est une « Madame la député« , Julien Aubert osera-t-il de même s’adresser à Jean-Louis Guigou, époux d’Elisabeth Guigou avec un « Monsieur le député » ?

Poussons d’ailleurs la logique jusqu’à l’absurde : si, comme le dit Julien Aubert, « madame la présidente » est la « femme du président », que se passe-t-il dans sa logique si « le président » est une femme marié à un homme ? On appelle son époux « monsieur la présidente » ? On la divorce d’office ? On ne choisit de présidente que parmi les lesbiennes ? Et si le président est un homosexuel marié, son époux est-il « madame la présidente » ? Si oui, ce mariage est-il dans les clous de LMPT ?

La confusion entre le masculin et le neutre dans la langue française n’est pas un absolu. Contrairement à ce qui est dit, le genre neutre existe en français, il donne les expressions comme « ça a l’aspect de » « c’est ainsi que » etc. Cette confusion est en revanche l’héritage d’une époque où la domination masculine sur les affaires publiques étaient totale; évidente, acceptée. Notre bonne vieille loi salique l’avait sanctionnée : la Reine ne pouvait être que l’épouse du Roi, souverain mâle, seul autorisé à régner et gouverner ses peuples. Cette prédominance avait toutefois engendré les titres de courtoisie qui voulaient qu’on habille une femme du titre de son époux afin de lui permettre d’avoir un rang social.

Ces titres de courtoisie viennent désormais se heurter de plein fouet avec la réalité : les femmes ne sont plus les épouses fidèles, effacées et oisives d’antan, elles accèdent aux responsabilités. Elles sont députées, sénatrices, auteures, présidentes.

Alors, cet échange tragi-comique à l’assemblée nationale est-il si ridicule qu’il semble l’être ? En fait, deux visions s’affrontent : d’un coté, un monde où seuls les hommes peuvent occuper les positions de pouvoir, de l’autre une société où les femmes sont, elles aussi aux manettes.

La lutte pour le pouvoir commence par les mots.

Tweet
octobre 7, 2014by Manuel Atréide
FacebookTwitterPinterestGoogle +Stumbleupon
article

Reforme du mariage, au coeur des contradictions du systeme Hollande

La réforme du mariage civil a toutes les chances de rester comme le symbole des palinodies de François Hollande : faire une réforme, oui, faire évoluer la société, non.

Pour un homme dont le slogan de candidature était « le changement c’est maintenant », cette attitude est paradoxale. François Hollande, homme de synthèse, n’est-il pas finalement plus tenté de faire de l’amélioration par la cosmétique – on modifie la surface sans toucher au fond – plutôt que d’accompagner, voire de lancer une réforme sociétale en profondeur ?

La réforme du mariage a été lancée début septembre 2012, il y a maintenant plus de deux ans. A vrai dire, on peut même dire qu’avant même les premières prises de position par les membres du gouvernement de l’époque, Andre Vingt-Trois, cardinal de Paris, a lancé le débat par une prière lue dans les églises de France le 15 août 2012.

Le débat a duré des mois, à l’assemblée nationale, au sénat comme dans la rue. Les manifestations de soutien ou d’opposition au projet de loi ont alterné durant toute la session parlementaire 2012 -2013. L’opposition à la loi, votée de manière définitive par l’assemblée nationale le 23 avril 2013, s’est poursuivie malgré l’entrée en vigueur du texte le 18 mai de cette même année.

En parallèle, les soutiens de la réforme ont essuyé de nombreuses déceptions. En février 2014, au lendemain d’une nouvelle manifestation LMPT (La Manif Pour Tous), le gouvernement annonce le retrait d’une loi partant sur la famille. Ce texte devait « notamment aborder la question du statut du beau-parent dans les familles recomposées, des conditions de l’adoption internationale et de l’accès aux origines personnelles des personnes nées sous X et des enfants nés de procréation médicalement assistée. »

Le projet, pourtant initialement conçu comme le complément de la réforme du mariage, sera repoussé puis abandonné en rase campagne.

Vendredi 3 octobre 2014, avant veille de la grande manifestation LMPT de la rentrée, Manuel Valls, 1er ministre, annonce dans le journal La Croix que la France va lancer une grande action internationale pour éviter les dérives de la GPA (gestation pour autrui). Problème : le même Manuel Valls, alors candidat aux primaires socialistes en 2011, avait pris une position exactement contraire lors d’une interview au magazine Têtu. Ce changement de cap ne reste pas inaperçu et génère de nouvelles déceptions parmi les soutiens de cette réforme.

Les réseaux sociaux ne s’y trompent d’ailleurs pas. Les partisans de la réforme expriment leur colère et rappellent les prises de position passées alors que les adversaires du gouvernement restent sceptiques et ne viennent, finalement pas soutenir le 1er ministre.

Quel est l’intérêt de lancer une réforme qui ne résout pas tous les problèmes ? Le statut des enfants conçu à l’étranger n’est pas réglé, le statut des parents non biologiques ne l’est pas plus, certains élus continuent à refuser de célébrer des mariages entre personnes de même sexe, le statut juridique et social des personnes transgenre n’est toujours pas abordé.

Quel est l’intérêt de lancer une réforme contestée par une partie de la population si, de reculades en abandon, on finit par donner l’impression que l’opposition a raison et que cette réforme n’est en réalité pas vraiment soutenue par le pouvoir en place ?

Ménager la chèvre et le chou, se vouloir apôtre permanent de la synthèse, l’indécision est l’un des reproches majeurs qui est fait à François Hollande depuis le début de son quinquennat, et même avant. La réforme du mariage civil est l’une, sinon la seule réforme emblématique du quinquennat du second président socialiste de la Ve République. Emblématique, oui, de cette posture qui vise à avancer pour mieux s’arrêter quelques mètres plus loin, au milieu du gué.

Et, pire encore pour un décideur politique, sous les critiques et quolibets de ses soutiens comme de son opposition.

Tweet
octobre 4, 2014by Manuel Atréide
FacebookTwitterPinterestGoogle +Stumbleupon
Page 2 of 3«123»

Articles récents

  • Be the best, or nothing !
  • Startup, twittez !
  • Latin, grec ET binaire !
  • Faut-il sauver le soldat MacBook ?
  • Radio France, entre ORTF et SocialMedia

Commentaires récents

  • Sébastien dans Le Musee et le Blogueur
  • Xavier H. dans They do the news !
  • peccadille dans Le Musee et le Blogueur

Archives

  • septembre 2016
  • février 2016
  • avril 2015
  • mars 2015
  • février 2015
  • janvier 2015
  • décembre 2014
  • novembre 2014
  • octobre 2014
  • mai 2014
  • avril 2014
  • janvier 2014

Catégories

  • article
  • médias
  • Uncategorized

Étiquettes

app athènes atlanta catholicisme charlie hebdo christian rizzo communication corruption coup de gueule critique danse danse contemporaine davey wavey différence foi greg louganis ian thorpe informatique Internet islam jeux olympiques journalisme laure manaudou LGBT lmpt londres mariage marie-josé perec média nudité paris politique pékin religion respect réseaux sociaux sarajevo science sexualité sidney sotchi startup théâtre de la ville tom daley twitter

Méta

  • Connexion
  • Flux RSS des articles
  • RSS des commentaires
  • Site de WordPress-FR

Living in an #OpenWorld. U'll get used to it, eventually

© 2015 copyright Atreide.fr // All rights reserved //
Brixton theme was made with love by Premiumcoding